LA FERME : UNE NOUVELLE ENTREPRISE
Il y a une quarantaine d'année, les travaux de la ferme
étaient pénibles. Pour vivre et subvenir à leurs besoins, les
paysans
cultivaient leurs terres et élevaient en général des bêtes. Le mode
de vie des agriculteurs n'était celui qu'ils connaissent
aujourd'hui.
La culture et l'élevage fournissaient
du travail pour tout le monde, même s'il n'était pas rémunéré comme il
convenait.
Le progrès, les évolutions technologiques ont remis en cause ce
fondement. L'ère industrielle a modifié profondément l'organisation de
la vie des paysans qui ont préféré abandonner ce labeur besogneux pour
aller chercher un travail dans l'industrie et donc fuir la campagne
pour la ville.
Progressivement, les villages se sont vidés de leurs habitants qui
voulaient vivre une autre vie afin d'améliorer leur niveau social et leurs conditions de
vie, conformes aux aspirations de la nature humaine.
Le modernisme des machines agricoles a supprimé des milliers
d'emplois. Une personne à elle seule peut maintenant cultiver des
hectares de céréales dans des temps impensables naguère
Les travaux de moisson qui consistaient à faucher, mettre en monts,
charger, transporter, décharger et engranger le blé n'étaient que la
première étape pour récolter les fruits du travail, l'autre consistant
à battre le blé à l'aide d'une machine qui faisait un bruit infernal,
et dégageait une poussière abondante. D'un côté, la paille était
récupérée, de l'autre le grain.
A la ferme, la programmation du battage était un événement et un jour
de fête. Tous les acteurs de la "battée" étaient d'ailleurs réunis
autour de la table de l'agriculteur le midi.
Les temps ont changé : aujourd'hui, la moissonneuse batteuse, engin
monolithe, accompli toutes ces tâches en même temps avec 10 fois moins
de personnes.
D'autres travaux se sont automatisés : l'épandage du fumier par
exemple où les hydrofourches, adaptées sur des tracteurs, chargent en
une journée un important volume de fumier stocké au milieu de la
ferme, alors qu'il fallait il y a 30/35 ans, mettre 3 ou 4 jours pour
remplir les remorques à l'aide d'une simple fourche mue par la seule
force des bras de l'homme.
Pour labourer la terre, le soc unique des charrues a été multiplié par
4 ou 5. Les agriculteurs mettent donc autant de fois moins de temps
pour labourer leurs pièces de terre à l'aide de tracteurs de plus en
plus puissants qui ont remplacé les chevaux. A l'époque, ces tâches
étaient génératrices de travail, donc d'emplois.
Pour rester compétitifs, les agriculteurs sont obligés d'investir dans
d'achat de matériels de plus en plus sophistiqués, de gérer leur
exploitation avec rigueur, de se regrouper en coopératives, faute de
quoi, ils sont condamnés à disparaître.
Le remembrement des terres, l'extension des grandes exploitations
agricoles, facilitent le travail des agriculteurs, car il permet
d'optimiserl'utilisation des machines. Les progrès réalisés dans la
biologie permettent également de sélectionner les graines et ainsi
d'améliorer sans cesse les rendements.
A l'instar des kolkhozes et des sovkhozes d’ex-union soviétique, les
fermes vont devenir de véritables entreprises. Elles ne seront pas
bien sûr gérées comme les anciennes exploitations soviétiques, mais
comme de véritables sociétés, avec un personnel ouvrier et
d'encadrement. Ces exploitations seront bien sûr soumises aux lois de
la libre économie de marché, avec les avantages et les inconvénients
qu'elles présentent.
Avec une gestion d'exploitation informatisée, voilà le visage de la
ferme de demain.
La France perdra encore malheureusement des paysans, mais c'est le
prix à payer pour garder son patrimoine agricole, sa capacité de
production et c'est paradoxal, rester présente sur les marchés
agroalimentaires à l'exportation.
L'agriculture est l'une des grandes richesses de la France. Nul doute,
elle sera encore pour longtemps le fer de lance de notre économie.
Il ne faut pas non plus oublier le rôle important de nos agriculteurs
qui contribuent activement à protéger et préserver notre
environnement. Imaginez-vous des terres laissées
incultes ?
C. HOMBERT
Octobre 1994